Très petite j'étais, j'étais d'une timidité maladive. Et Elle m'a tenue longtemps cette timidité
qui m'empêchait de répondre à tous ceux qui représentaient l'autorité,
à tout ce qui choquait mon sens exacerbé de l'injustice tel que le ressentent les enfants,
à tous ceux qui mentaient effrontément pensant que je ne m'en rendais pas compte,
à toux ceux qui affirmaient des choses que j'aurais eu envie de contester...
Et puis, j'ai grandi, tant bien que mal, m'affirmant peu à peu...
La timidité est-elle un manque de courage ?
La vie n'a pas changé, moi un peu.
Il existe toujours des gens timides et d'autres qui ne doutent de rien !
Le plus amusant est que j'ai toujours choisi un métier au contact des autres,
avec l'obligation de m'adresser à un public...
J'ai gardé mes limites, par exemple, jamais je n'aurais pu m'exprimer sur scène...
Et puis est arrivé ce dernier "métier" soif inextinguible.
Il en faut, là encore, du courage pour aller au-devant des éditeurs,
avec ses textes, ses projets sous le bras, braver les regards hautains
parce que que vous n'êtes pas très jeune, supporter les remarques de directeurs de maison,
qui vous toisant de haut en bas, dédaigneusement bien-sûr, vous assènent,
ayant à peine jeté un coup d'œil à votre projet :
"On ne prend que le meilleur"...
Il en faut du courage pour avaler les " pas assez graphique pour nous..."
(sachant que le style graphique poussé à l'extrème dégage parfois
une chaleur de... congélateur !)
admirant par la même occasion le "courage éditorial" de certains...
Il en faut du courage pour affronter les paroles "bienveillantes" de collègues
dont le regard et les paroles vous font bien comprendre que eux sont la crème et vous pas...
Ils sont in et vous êtes Off...Ils sont dans mouv' Et Basta !
Cette idée, cette certitude d'appartenir à une caste supérieure... celle qui sait...
Si la "non timidité", forme d'arrogance se manifeste ainsi, je préfère rester timide
et garder une relative humilité, celle qui ne me fera jamais
humilier quelqu'un, en tout cas volontairement.
Mais voyez-vous, j'ai grandi, j'ai mûri pas trop vite,
je suis une fleur tardive a écrit Léo lionni...
Alors faudrait pas m'énerver... parce que j'ai appris à dire les choses maintenant,
droit dans mes bottes, droit dans les yeux.
Je terminerai en précisant que j'ai rencontré parmi vous des tas de personnes charmantes,
auteurs, illustrateurs, éditeurs
humaines et au regard bienveillant et cela suffit à mon bonheur,
en plus de celui d'écrire...