J'aime tant ses chansons que je les écoute régulièrement si ce n'est quotidiennement.
La première fois que j'ai entendu Anne Sylvestre je n'étais encore qu'une enfant. La chanson s'appelait "t'en souviens-tu la Seine". J'ai pris conscience subitement en l'écoutant de ce qu'était une belle chanson, bien construite avec une mélodie dont la fluidité, si j'ose dire, était en parfait accord avec les paroles.
J'ai eu le même sentiment quelques temps plus tard avec la chanson de Catherine Le forestier : Le pays de ton corps.
J'aime beaucoup aussi sur le mêm album, Marie, la femme du vent, la bergerade (c'était une bergerade ...)
et dans ses chansons actuelles :
Ce texte extrait de l'album "LE PARTAGE DES EAUX"
Pour aller retrouver ma source
Plus on approche de l'estuaire
Plus on se souvient du ruisseau
Qui à peine sorti de terre
Ignore tout des grandes eaux
Qu'on ait cheminé sans histoires
Ou coulé comme un sauvageon
Tous on voudrait comme la Loire
Revoir son Mont Gerbier de Jonc
Je prendrai à tous les sourciers
Leurs baguettes de coudrier
Pour aller retrouver ma source
Là je pourrai m'ensommeiller
Comme s'arrêtent de veiller
Les vieilles louves et les ourses
Lorsque j'ai glissé de ma mère
Après qu'elle eût perdu les eaux
Entre un fleuve et une rivière
On posa mon premier berceau
Et ce fut ma première ville
Entre ses jambes j'ai dormi
Si je fis des rêves fertiles
II m'en vient encore aujourd'hui
Je prendrai à tous les sourciers..
De tout ce qui nous prédestine
On ne sait pas le moindre mot
Ni pourquoi toujours je m'obstine
À suivre les chemins de l'eau
J'ai bu à toutes les fontaines
Me suis penchée sur tant de puits
Que mon image est incertaine
Je la cherche encore aujourd'hui
Je prendrai à tous les sourciers..
J'ai passé des heures entières
À jeter des pierres dans l'eau
À patauger dans des rivières
Ou les pieds dans le caniveau
Mais les vagues toujours s'étalent
Et les cailloux tombent au fond
Toujours les grenouilles détalent
Et les beaux reflets se défont
Je prendrai à tous les sourciers..
Je veux puiser dans mes richesses
Comme à la citerne le seau
Ne craignez pas la sécheresse
II me reste encore de l'eau
Que dans ma voix elle ruisselle
Qu'elle chemine à ciel ouvert
Et tant qu'elle se renouvelle
On repoussera le désert
Je prendrai à tous les sourciers..
Voici le lien si vous voulez en écoutez un morceau : là
Le refrain me fait penser à un des plus beaux textes de colette dans "SIDO" :
Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l'eau de deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe... Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire...
Un autre album tout aussi beau : LES CHEMINS DU VENT"
Avec deux chansons particulièrement émouvantes :
- "Le p'tit grenier"
à propos des enfants juifs qui devaient se cacher pendant la guerre de 39-45
- Et "berceuse de Bagdad"
à propos des femmes qui ont choisi d'accoucher avant les bombardements à Bagdad.
Son site officiel est : ici
J'ai vu son spectacle il y a deux ans à Meudon. Très tendre et intimiste.